Pour ce faire, M. Germanos a fondé son raisonnement sur le fait que l’article 534 du Code pénal libanais, qui punit les relations sexuelles dites « contraires à l’ordre naturel », ne définit pas pour autant la nature de ces relations pouvant être considérées comme « contre nature », toujours selon les termes dudit article. Par conséquent, l’homosexualité n’y est pas explicitement mentionnée et l’interprétation qui en découle dépend du juge.
Ladite décision est inédite quant à la dépénalisation de l’homosexualité par un tribunal militaire et s’inscrit ainsi dans la continuité d’une jurisprudence libanaise de plus en plus progressiste, prônant une évolution du droit en accord avec celle de la société. Aussi, le 12 juillet 2018, la Cour d’appel du Mont-Liban avait confirmé la décision d’un juge pénal qui était de ne pas sanctionner l’homosexualité, affirmant que celle-ci ne constituait pas un crime lorsqu’elle se pratiquait en privé.
Cette récente décision de 2019 constitue un réel progrès, puisque les rapports entre adultes consentis, peu importe leur orientation sexuelle, ne sont a priori plus pénalisés. Toutefois, les individus de la communauté LGBTI continuent, au niveau sociétal, de faire l’objet de pratiques attentatoires à leur personne et à leurs droits, et doivent encore faire face, entre autres, au chantage et au harcèlement. En février 2019, une émission télévisée libanaise donnant la parole à des personnes homosexuelles a suscité une vague de haine sur les réseaux sociaux à leur encontre.
Le sujet de l’homosexualité au Liban a d’ailleurs récemment été remis à l’ordre du jour : fin mai 2019, le ministère libanais des Télécommunications a décidé de bloquer l’accès à une application de rencontre entre homosexuels. De nombreuses associations et organisations s’en sont indignées, considérant que ce blocage constituait une discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et portait atteinte à la liberté et aux droits sexuels des individus.
Malgré une communauté LGBTI libanaise de plus en plus impliquée dans la reconnaissance et l’exercice de ses droits, et avant-gardiste par rapport à ses voisins du Moyen-Orient, des progrès restent encore à faire face à des tentatives de répression, au sein d’une société qui lui est encore hostile.