Le slogan populaire – “L’utero è mio, me lo gestisco io!” (“C’est mon utérus, c’est moi qui le gère”) – a défini la bataille en Italie pour la confirmation de la loi 194 du 22 mai 1978.
Les articles 4-6 de cette loi déclarent que l’avortement est un droit inviolable, que ce soit l’avortement spontané ou l’avortement délibéré. Cette loi a été créée en Italie pour protéger les droits des femmes qui cherchaient à terminer leur grossesse, sans se mettre en danger à eux-mêmes ou à l’enfant à naître. Toutefois, elle a aussi créé une faille judiciaire qui peut quand même être dangereuse. La loi prévoit qu’une femme peut légalement avorter jusqu’à 12 semaines de grossesse dans un établissement hospitalier, mais elle autorise également les médecins à refuser de pratiquer des avortements pour des raisons personnelles ou religieuses. Aujourd’hui, 70% de médecins se déclarent ‘objecteurs de conscience’ pour ne pas pratiquer d’avortements.
En Italie, tant un point de vue culturel que religieux, l’avortement est toujours perçu comme une pratique taboue. Dans le Sud d’Italie, 84% des médecins se déclarent comme objecteurs – une majorité qui est surtout présente dans les régions les plus conservatrices, mais pas seulement dans la campagne. Dans les plus grandes villes du Sud, comme Naples ou Bari, la situation ne change pas. Cette réalité laisse les médecins qui acceptent de pratiquer l’avortement avec une demande et charge de travail énorme, et surtout difficile à gérer. En plus de cette situation, il y a le fait que les hôpitaux les plus fréquentés d’Italie sont catholiques – par exemple, le Policlinico Gemelli de Rome.
Pour ajouter à cela, la Covid-19 a eu une conséquence réelle sur l’accès à l’avortement. Les restrictions de voyages, la crainte de la contagion, et le manque d’information sur les services obstétricaux disponibles liés à la propagation du virus ont exacerbées les difficultés préexistantes d’accès à l’avortement en Italie. Selon un rapport de Human Right Watch, le gouvernement Italien a manqué à sa responsabilité de garantir des voies d’accès claires, et a permis la suspension des avortements dans les hôpitaux – définis en tant que pratiques non essentielles.
Le Conseil de l’Europe a critiqué deux fois les conditions d’avortement en Italie. En effet, le comité des droits sociaux du Conseil de l’Europe a estimé que les femmes italiennes souhaitant avorter se heurtent encore à trop d’obstacles. Le comité a également affirmé qu’un pays autorisant les clauses de conscience doit s’assurer que cela n’empêche pas l’accès à l’avortement.
La route est longue et difficile pour les femmes en Italie qui veulent accès à un droit si important. En aggravant la situation, le parti politique du centre-droit italien est en train de proposer des motions pour abolir l’avortement et l’utilisation de la pilule Ru486. L’Union Européenne cherchera-t-elle à réagir à cette situation?