[ AMICUS CURIAE ] Les Nations Unies appelle la Hongrie à retirer son projet de loi présenté mardi 13 février contre les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui soutiennent les migrants. Le vendredi 16 février, le Haut Commissariat aux Droits d’ l’Homme des Nations Unies a appelé [Revue de presse, en anglais] le gouvernement nationaliste de Viktor Orban à revoir cette proposition qui taxerait et pénaliserait les associations apportant de l’aide aux migrants. Cette proposition oblige notamment les ONG soutenant l’immigration à demander une licence pour exercer au Ministère de l’intérieure, qui pourrait mettre près de neuf mois à être obtenue. La loi contraindrait également ces organisations à fournir des informations sur leurs financements et à payer une taxe de 25% sur les financements étrangers.
Le porte-parole du haut commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies a estimé que cette législation représentait une atteinte injustifiée au droit d’association et constituait une continuité inquiétante des politiques du gouvernement en matière de droits humains et civiques. En effet, ce n’est pas la première offensive du gouvernement hongrois contre les ONG qui viennent en aide aux migrants puisqu’il y avait déjà eu une première loi au printemps 2017 obligeant les associations recevant plus de 24 000 euros par an de dons étrangers à s’enregistrer auprès d’un tribunal spécial. [Article d’Amnesty international concernant cette loi, publié le 13 juin 2017].
Parallèlement à la présentation de ce projet de loi, une vaste campagne d’affichage a été déployée par le gouvernement pour dénoncer les activités de George Soros, milliardaire américain natif de Budapest qui soutiendrait de nombreuses associations venant en aide aux migrants. Un éditorialiste de Magyar Idök, journal de droite forgeant un relai médiatique efficace au parti de Viktor Orban, s’est ainsi exprimé en ces termes [Article de Courrier international rapportant les propos de Magyar Idök, publié le 16 février 2018] : “Les ONG poursuivant des activités antigouvernementales avec l’argent d’un milliardaire spéculateur alimentant un réseau international usurpent leur statut. Il serait temps d’éloigner George Soros des affaires locales et européennes”. Il est peu probable que cette nouvelle loi soit adoptée, faute de majorité, mais le gouvernement de l’actuel premier ministre profite du bruit qu’elle suscite pour accuser l’opposition de trahison à l’approche des élections.