Le 1er novembre, une loi régulant l’utilisation des technologies permettant aux utilisateurs de faire des recherches internet de façon anonyme est entrée en vigueur en Russie. Cette loi interdit les logiciels permettant d’accéder à Internet de manière anonyme ou par VPN (« Virtual private network », les réseaux privés virtuels). Ces connexions sont généralement utilisées par des entreprises mais le sont également par des utilisateurs qui souhaitent contourner les blocages de certains sites internet en Russie en faisant croire qu’ils se connectent depuis un autre pays. Cette loi confère de nouveaux pouvoirs à l’organe de régulation des communications russe, Roskomnadzor, qui est désormais capable de restreindre l’accès aux services d’anonymisation. En 5 ans, celui-ci a déjà fait supprimer plus de 275 000 articles sur le Web [ Article de Numerama relatant l’activité de cet outil gouvernemental ]. De plus, la loi oblige les moteurs de recherche à ne pas faire apparaître les liens vers les sites bloqués et exige que les entreprises empêchent la diffusion de contenu illégal sur leurs sites.
En août 2018, après que la loi a été adoptée par la Douma le 21 juillet 2017, Amnesty international [ Article disponible sur le site internet d’Amnesty International ] avait réagi en soulignant le caractère liberticide de cette loi. Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale à Amnesty International avait ainsi déclaré : « Alors que les autorités russes tolèrent de moins en moins toute dissidence, les technologies qui permettent aux internautes de contourner la censure et de protéger leur vie privée sont essentielles pour la liberté d’expression sur Internet ».
Un autre texte attentatoire aux libertés sur Internet entrera en vigueur en janvier 2018. Celui-ci exigera que les messageries telles que Telegram (une messagerie créée par les frères Dourov, fondateur de VKontakte, le réseau social dominant en Russie) ou WhatsApp établissent l’identité de chaque utilisateur au moyen de son numéro de téléphone. La Russie suit ainsi la voie de la Chine qui elle aussi a banni l’utilisation des réseaux privés virtuels [ Article de ce Register sur les politiques russe et chinoise à ce sujet, en anglais ]. De nombreux citoyens russes s’étaient réunis à Moscou [ Article de phys.org sur les manifestations de cet été en Russie, en anglais ] cet été pour protester contre ces lois, revendiquant l’abandon de telles mesures qu’ils estiment dictatoriales et dignes de celles mises en place par un Etat policier. La société civile est en effet bien consciente de l’aspect autoritaire de cette loi malgré les paroles de Leonid Levin, responsable parlementaire russe, affirmant que celle-ci a seulement pour but d’empêcher l’accès à du contenu illégal [ Article de Reuters relatant les propos de Leonid Levin, en anglais ].