[AMICUS CURIAE] Une fatwa publiée sur Internet le 3 janvier dernier par la Présidence des affaires religieuses (ou « Diyanet ») de Turquie a ravivé la polémique relative aux agressions sexuelles et aux mariages forcés de mineurs [article de presse – en anglais]. En indiquant dans cet avis juridique que la loi islamique autorise le mariage religieux dès l’âge de l’adolescence, soit à 9 ans pour les filles et 12 ans pour les garçons, cette administration d’Etat a suscité la colère de groupes de défense des droits des femmes et les protestations d’une trentaine de parlementaires de l’opposition. Tous membres du Parti républicain du peuple, ces derniers ont rappelé l’âge légal du mariage, fixé à 18 ans par le code civil, et demandé en réaction l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le phénomène du mariage des enfants [article de presse – en français].
La Diyanet a démenti dans un communiqué ultérieur approuver les mariages forcés et souligné que l’islam exige également le consentement éclairé des futurs époux. La défiance des promoteurs de la laïcité et des libertés individuelles à l’égard de cette institution, rattachée au cabinet du premier ministre et par ailleurs chargée du financement et de la gestion du culte musulman en Turquie [revue spécialisée PDF – en français], ne devrait cependant pas s’estomper. Le président de la République de Turquie Recep Tayyip Erdoğan est en effet suspecté depuis plusieurs années de vouloir remettre en cause le caractère laïque de l’Etat, en raison de son conservatisme religieux.