La Russie accusée de violation de la liberté de religion suite à la condamnation d’un Témoin de Jéhovah

Mercredi 6 février 2019, Dennis Christensen, un Danois appartenant au groupe religieux des Témoins de Jéhovah, a été condamné à 6 ans de prison, par le tribunal d’Orel – au sud de Moscou. Arrêté en mai 2017, en application de l’article 282.2 du code pénal russe, il est placé en détention provisoire durant plus d’un an et demi, dans l’attente de son procès. En effet, en avril 2017, la Cour Suprême de la Fédération de Russie a adopté une décision interdisant ce mouvement sur le territoire russe, en le qualifiant d’« extrémiste ». La réunion des membres et la pratique de toute activité liée au culte des Témoins de Jéhovah deviennent illégales. Si la haute juridiction a considéré le groupe comme une menace à l’ordre public, le fondement n’est pas éminemment clair au vu de la loi nationale, obscure et imprécise, sur la qualification d’un mouvement comme « extrémiste ».

Dennis Christensen est condamné pour avoir « organisé les activités d’une organisation religieuse extrémiste », malgré sa déclaration de non-culpabilité, du fait de la liberté d’exercice de la religion. Memorial, la plus grande association de défense des droits de l’Homme en Russie, indique que, se fondant seulement sur la pratique de la religion, les décisions russes concernant les Témoins de Jéhovah sont contraires aux normes de protection de l’individu, de par leur caractère discriminatoire. L’association ajoute, rejointe par Rachel Denber, directrice adjointe à la division Europe et Asie centrale de Human Rights Watch, que la décision est contraire à la Constitution de la Fédération de Russie. En son Chapitre 2, intitulé « Les droits et libertés de l’Homme et du citoyen », l’article 28 dispose que sont garanties la liberté de conscience, la liberté de croyance et la liberté d’exercice de la religion.

Le condamné assure vouloir faire appel de la décision du tribunal russe, soutenu par Anders Samuelsen, le ministre Danois aux affaires étrangères, qui assure que le Danemark continuera d’appeler la Russie à respecter la liberté de religion. Si les autorités russes considèrent Monsieur Christensen comme coupable d’actions extrémistes, nombreux sont ceux qui soutiennent qu’il a été condamné pour avoir lu la Bible, prié et suivi un mode de vie moral. Qui plus est, l’État de Russie a déjà fait l’objet, en 2010, d’une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme pour avoir pris des mesures contraires à l’obligation de protéger et de garantir la liberté de religion et la liberté d’association, selon les articles 9 et 11, et prend le risque d’être à nouveau condamné.

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