ONU : le Japon doit protéger l’indépendance des médias et l’accès à l’information

[Mardi 19 avril 2016 à 13h59]

[AMICUS CURIAE] Un expert de l’ONU a exprimé, mardi, une préoccupation affichée [article de presse – en anglais] au sujet de l’indépendance des médias et du droit d’accès à l’information au Japon. Celui-ci a cité des lois et des témoignages qui laisseraient croire que le cas demeure plus difficile que prévu [communiqué de presse – en anglais]. David Kaye [page officielle – en anglais], le rapporteur spécial sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression, a passé une semaine au Japon où il a effectué une série d’interviews à la fois avec des responsables gouvernementaux, des membres des médias, des agences non-gouvernementales et des juristes afin d’essayer d’examiner les aspects de la liberté d’expression dans le cadre du droit international relatif aux droits de l’homme. Kaye a constaté la « fierté bien méritée » qu’accordent le Japon à sa Constitution et à son régime démocratique. Toutefois, il a décelé un ensemble de menaces qui guettent les principaux médias auxquels la plupart ont recours pour s’informer.

Ces menaces mèneraient à des nouveautés qui entravent la liberté de la presse et d’expression assise par la Constitution du Japon [texte – en anglais] et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques que le Japon a ratifié en 1979. Kaye a déclaré :

De nombreux journalistes, dont la plupart n’ont accepté de témoigner que sous couvert d’anonymat, ont mis en relief la pression qu’ils subissaient pour éviter certains sujets qui, pourtant, relèvent de l’intérêt général. Plusieurs ont déclaré avoir été écartés ou réduits au silence sous une pression indirecte de la part des dirigeants au pouvoir. Un pays avec des principes démocratiques aussi forts devrait résister et se protéger contre de telles ingérences.

Il souligne que plusieurs secteurs pourraient faire preuve d’amélioration, notamment en supprimant certains paragraphes de lois qui véhiculent des menaces indirectes pour les médias, en mettant en place des lois qui limiteraient la discrimination et l’incitation à la haine, et en tolérant les manifestations publiques.

Cependant, le Japon n’est pas seul à être confronté à une telle situation. L’Égypte [texte – en anglais] a été suivie de près par la communauté internationale pour avoir violé, à de nombreuses reprises, les droits de l’homme et la liberté d’expression. Trois experts des Nations Unies spécialisés dans les droits humains ont appelé [communiqué de presse – en anglais] l’Égypte, au début de ce mois-ci, à mettre un terme à ses répressions incessantes menées contre les défenseurs et les organisations des droits de l’homme. En mars, le ministre de la Justice égyptien, Ahmed Al-Zind, a été démis de ses fonctions pour avoir tenu à la télévision des propos qui ont nourri la controverse. En répondant à une question lui demandant s’il était prêt à emprisonner des journalistes, al-Zind a déclaré qu’il le ferait même s’il s’agissait du Prophète Mahomet. De même, la Turquie a été accusée d’avoir récemment violé, à de nombreuses occasions, les droits fondamentaux de l’homme. En effet, en mars, deux journalistes turques ont fait l’objet d’un procès à huis clos pour espionnage, ce qui a suscité l’inquiétude du monde entier à propos de l’état de la liberté de la presse sous le régime du président Recep Tayyip Erdoğan [page officielle – en anglais]. En décembre, la Cour européenne des droits de l’homme a statué à l’unanimité qu’une cour turque, en bloquant par ordonnance l’accès au site internet Youtube, a violé l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Sur le même thème