Le Japon mise sur les casinos après un siècle d’interdiction

Après de longues négociations au sein de la coalition au pouvoir, le gouvernement japonais a soumis à la Diète (nom du parlement, ndlr) son projet de loi pour l’ouverture de grands complexes touristiques intégrant des casinos [article de blog – en anglais].

Dans un pays où les jeux d’argent sont pénalement réprimés depuis 1907 [site culturel – en français] mais dont la population présente paradoxalement un taux d’addiction au jeu plus élevé que la moyenne [article de presse – en anglais], cette ouverture inédite au marché des casinos, initiée à la fin de l’année 2016, devrait rester très progressive et encadrée. Si le Parti libéral-démocrate du Premier ministre Shinzo Abe souhaitait permettre l’ouverture de cinq à six établissements, ces ambitions ont été tempérées par son allié Komeito, le texte soumis au parlement ne prévoyant que trois licences pour l’ensemble du territoire [article de presse – en anglais]. Les salles de jeu devraient par ailleurs être limitées en taille à 3 % de la surface totale des futurs complexes, et leur revenus soumis à une flat tax de 30 % : l’industrie des jeux d’argent semble avoir obtenu satisfaction sur ces deux points, un plafonnement à 15 000 m² et un taux d’imposition progressif ayant été envisagés dans un premier temps. Elle n’a en revanche pas pu empêcher l’introduction dans le projet de loi d’un tarif d’entrée obligatoire (fixé à 6 000 yens, soit environ 56 dollars, un montant inférieur de moitié à celui pratiqué à Singapour) et d’une limitation du nombre de visites hebdomadaires ou mensuelles pour les joueurs japonais [article de presse – en anglais]. Le système d’identification biométrique proposé par Melco Resorts & Entertainment pourrait d’ailleurs constituer pour ce géant asiatique un argument de poids face à la concurrence pour l’obtention d’une licence et la conquête du marché japonais.

Pression est désormais mise sur la Diète pour qu’une loi soit définitivement adoptée avant le 20 juin prochain, date de clôture de la session parlementaire en cours. Si une ouverture des premiers complexes pour les Jeux olympiques de Tokyo de 2020 n’est plus d’actualité, le gouverneur de la préfecture d’Osaka, qui doit accueillir l’un des trois complexes en projet, espère pouvoir compter sur cet atout dans le cadre de sa candidature pour l’organisation de l’Exposition universelle de 2025 [article de presse – en anglais]. Les sondages d’opinion et le contexte politique, marqué par les soupçons de favoritisme pesant sur Shinzo Abe [article de presse – en français], ne sont cependant pas en faveur du texte, dont l’examen pourrait se prolonger jusqu’à l’automne prochain.

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