[AMICUS CUIAE] Des dirigeants militaires ont accusé, mardi, trois défenseurs des droits de l’homme de diffamation criminalisée et de violation de la loi sur la criminalité informatique, suite à la publication d’un rapport dans lequel ils dénonceraient des actes de torture commis en Thaïlande. Ces défenseurs encourent jusqu’à 5 ans de prison s’ils sont reconnus coupables. Le rapport, intitulé Torture and ill treatment in The Deep South Documented in 2014-2015 [texte PDF – en anglais], fait état de 54 cas de torture et de violation des droits de l’homme dans le sud de la Thaïlande. Ils espéraient mettre en relief une question souvent bafouée en raison de la marginalisation, et encourager les victimes [article de presse – en anglais] à partager leur vécu. De nombreux groupes de défense des droits humains ont contesté ces arrestations qu’ils ont qualifiées, dans un rapport conjoint [texte PDF – en anglais], de «représailles à l’encontre d’organisations de la société civile qui cherchent à attirer l’attention des autorités sur les exactions et les mauvais traitements continus à l’encontre des détenus en Thaïlande. ». Ce rapport exhorte le gouvernement à abandonner toutes les charges retenues contre les activistes et à garantir l’absence de représailles et le respect des droits humains.
Les organisations des droits de l’homme ont sans cesse exprimé leurs inquiétudes grandissantes à l’égard des violations en Thaïlande depuis l’arrivée de la junte au pouvoir en mai 2014. En mars, Human Rights Watch a appelé le gouvernement thaïlandais à stopper toute forme de harcèlement et d’accusation exercés à l’encontre des avocats spécialisés dans la défense des droits de l’homme qui défendaient les victimes des abus du gouvernement. Le même mois, le parti Pheu Thai [page officielle – en thaï] a déposé plainte [site officiel – en anglais] auprès du bureau du Haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies [site officiel] contre la détention de l’une de ses figures-clé, Watana Muangsook, en accusant le gouvernement d’avoir commis de graves violations des droits de l’homme. En janvier, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein a demandé au gouvernement thaïlandais de mener une enquête approfondie pour localiser les traces des 82 personnes portées disparues et de mettre en place des textes de loi pour incriminer la disparition forcée. Le même mois, le Thaïlande a dévoilé un nouveau projet de constitution [article de presse] qui viserait, selon les déclarations des groupes de défense des droits de l’homme, à augmenter le pouvoir des militaires sous couvert d’un ensemble d’articles destinés à promouvoir la sécurité nationale, leur laissant ainsi libre champs pour commettre des violations sans s’inquiéter des sanctions prévues pour avoir enfreint des textes de loi internationaux.