Un référendum rejette la réélection illimitée du président en Equateur

[AMICUS CURIAE] Dimanche 4 février, les équatoriens ont voté à 64% [résultats, en espagnol] contre la loi permettant la réélection indéfinie du président. Le référendum était composé de 7 questions et c’est la question 2 qui proposait un amendement de l’article de la constitution qui permettait jusqu’alors aux élus de se présenter indéfiniment à un même mandat. La participation au référendum a été de 82%, le but était d’empêcher Rafael Correa de se présenter à l’élection présidentielle de 2021, alors qu’il était resté au pouvoir de 2007 à 2017. C’est d’ailleurs lui qui avait révisé la Constitution pour empêcher aux élus de se présenter deux fois de suite, le référendum portait quant à lui sur la question de se présenter plus de deux fois. Cette consultation a été demandée par l’actuel président Lenin Moreno, qui fut également l’ancien vice-président de Rafael Correa et qui a été considéré comme un « traître » par l’ancien président.

A la suite du scrutin, Lenin Moreno s’est exprimé dans une université en ces termes : « Les décisions que nous prenons aujourd’hui seront fondamentales pour l’avenir du pays, pour que nos enfants vivent protégés (…) pour la relance économique » [article de Ouest-France, publié le lundi 5 février 2018, rapportant les paroles de l’actuel président équatorien].  Il accuse notamment l’ancien président d’avoir dirigé un gouvernement très corrompu. L’actuel président a estimé que ces résultats constituaient un triomphe pour la démocratie équatorienne. La politique de Rafael Correa, lorsqu’il était au pouvoir, s’inscrivait dans un « socialisme du 21ème siècle », comparable à celle qu’Hugo Chavez avait pu mener au Venezuela, et se traduisait notamment par un refus du paiement de la dette et par des aides sociales largement augmentées. [page Wikipédia de Rafal Correa expliquant les politiques économiques menées durant ses deux mandats].

Ce referendum contrecarre une tendance en Amérique latine où les dirigeants font pression pour des amendements de la constitution leur permettant de rester plus longtemps au pouvoir. En Bolivie par exemple, un jugement a permis à Evo Morales de se présenter une quatrième fois alors que cela avait été refusé par un référendum. Certains commentateurs comme Christian Rodriguez [Tribune de Christian Rodriguez publiée dans Le Grand Soir le lundi 5 février 2018] perçoivent ce référendum en Equateur comme une continuité du dénigrement des dirigeants progressistes en Amérique latine après Manuel Zelaya, Dilma Roussef, Lula…

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