Soixante-et-onze députés argentins de tous bords ont soutenu le 6 mars dernier une proposition de réforme du code pénal autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) durant les quatorze premières semaines de la gestation [article de presse – en anglais]. C’est la première fois que le Congrès de la nation argentine accepte de débattre de ce texte rédigé par la Campagne nationale pour le droit à l’avortement, après sept tentatives infructueuses [article de presse – en espagnol].
Dans ce pays catholique et réputé dépendant de l’Eglise pour sa politique intérieure, l’ouverture du débat a notamment été permise par le président de la Nation, Mauricio Macri. Malgré ses positions anti-avortement, le chef de l’Etat argentin a promis qu’il n’userait pas de son droit de veto à l’issue de la procédure législative et invité ses alliés au Congrès à se prononcer en leur âme et conscience sur le sujet [article de presse – en anglais].
Le gouvernement se montre de plus en plus sensible au retournement de l’opinion publique à l’égard de l’avortement, particulièrement notable depuis les manifestations de 2015 contre les violences faites aux femmes [article de presse – en anglais]. Ces événements avaient mis en évidence l’importance des avortements clandestins et des décès auxquels ceux-ci aboutissent en Argentine – dans la majorité des provinces, il s’agirait même de la première cause de mortalité des femmes enceintes. Le président Macri s’est ainsi fait l’écho de la « situation critique » des jeunes femmes dans une déclaration devant le Congrès national : 100 000 Argentines de moins de 19 ans tomberaient en effet enceintes chaque année, le plus souvent de façon non intentionnelle. La pénalisation de l’IVG est parfois même jugée responsable de l’explosion démographique des composantes les plus pauvres de la société argentine [article de presse – en espagnol].
La proposition de réforme du code pénal doit désormais être examinée par les commissions de la Législation générale, de la Famille, de la Santé puis de la Législation pénale de la Chambre des députés [article de blog – en anglais]. En cas de vote final positif à la chambre basse, le texte sera transmis au Sénat, assemblée jugée plus conservatrice.
L’avortement en cas de grossesse consécutive à un viol ou de danger pour la vie de la mère avait déjà été dépénalisé par la Cour suprême d’Argentine en 2012. Toutefois, seules huit des vingt-quatre provinces du pays ont adopté un protocole encadrant l’accès à l’IVG suite à cette décision : Mauricio Macri s’était lui-même opposé à l’adoption d’un tel protocole lorsqu’il était chef du Gouvernement de Buenos Aires, peu avant d’accéder à la tête de l’Etat.