[AMICUS CURIAE] Deux employés du système de santé sierra-léonais ont engagé des poursuites contre leur gouvernement devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest ce vendredi 17 décembre [article de presse – en anglais]. Invoquant la Déclaration universelle des droits de l’homme, ils dénoncent les négligences de Freetown dans la gestion des fonds humanitaires versés par la communauté internationale face à l’épidémie d’Ebola survenue en Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016.
Le 4 novembre dernier, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) révélait les résultats d’un audit interne démontrant de multiples détournements de ses propres aides en Sierra Leone, mais également au Libéria et en Guinée, pour un montant total de 5 millions d’euros [article de presse – en français]. 1,83 millions d’euros auraient notamment été perdus suite à une fraude aux transactions internationales commise par une banque sierra-léonaise avec le concours d’anciens employés de la FICR [article de presse – en français]. Dès février 2015, l’auditeur général de la Sierra Leone admettait dans un rapport n’avoir pas pu parfaitement retracer l’utilisation d’environ 30 % des fonds alloués au ministère de la Santé dans le cadre de la lutte contre Ebola.
Eux-mêmes contaminés durant leurs interventions, les plaignants imputent à ces malversations la disparition d’un tiers des ressources humanitaires destinées à l’endiguement de l’épidémie, une baisse de la qualité des soins apportés aux victimes et une multiplication sensible des infections mortelles, conduisant indirectement à plusieurs milliers de nouveaux décès [article de presse – en anglais]. Le gouvernement, en échouant à « respecter les protocoles de contrôle et de suivi » des aides [article de presse – en français], pourrait ainsi avoir porté atteinte au droit à la vie et à la santé tant des demandeurs que de l’ensemble de leurs concitoyens.